Lyon en 14-18

Lyon, printemps 1914. La ville compte près de 500 000 habitants et connaît un dynamisme urbain particulièrement important. Le 28 juin, loin de là, l’archiduc François Ferdinand, héritier du trône d’Autriche et sa femme sont assassinés à Sarajevo : la spirale infernale de la Première Guerre mondiale est lancée.

Le 2 août 1914, les affiches de mobilisation sont placardées sur les murs de Lyon. Ce jour-là, un homme, Barthélémy Mermet, commence la rédaction de carnets pour rendre compte de ce qui se passe dans sa ville, dans le pays, et dans le monde. À presque 60 ans, il est trop âgé pour être mobilisé, mais il va participer à sa façon, en rendant compte quotidiennement de ce qu’il voit, lit et entend. Un trésor d’informations sur la vie à l’arrière pendant la Première Guerre mondiale.
Bienvenue dans ce webdocumentaire « Les Carnets de Barthélémy Mermet » qui vous propose de parcourir Lyon à cette époque, et de découvrir ainsi la vie quotidienne des Lyonnais de manière interactive.

 

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La municipalité entre en guerre

Dès août 1914, la municipalité lyonnaise, dirigée par Édouard Herriot, prend des décisions d’urgence imposées par la mobilisation générale. Elle craint la pauvreté pour les familles des soldats partis et le chômage causé par l’interruption des affaires commerciales. C’est pourquoi elle met en place, dès le 3 août, des soupes populaires. Pour combattre le chômage, elle lance des chantiers municipaux et créé des ouvroirs. Enfin elle ouvre la porte des orphelinats municipaux aux enfants en difficulté suite au départ des pères. Le problème de l’approvisionnement de la ville se pose également et là encore une réponse municipale est apportée. Pour pallier les difficultés, l’équipe municipale s’associe aux grandes corporations, à la chambre de commerce, à l’université, aux syndicats ouvriers et patronaux, pour permettre aux Lyonnais de continuer à être approvisionnés le mieux possible.
Du côté du personnel municipal, le Conseil municipal s’assure, par la délibération du 10 août 1914, que les salaires des agents partis au front soient versés à leurs épouses ou à leurs parents. Le 30 novembre 1914, face aux nouvelles des nombreux décès, le Conseil municipal décide d’attribuer la moitié du salaire des employés tués à leurs veuves ou à leurs parents dans le cas où ceux-ci étaient soutien de famille.

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Hôtel de Ville
1 place de la Comédie
69001 Lyon

Une figure emblématique : Édouard Herriot, maire de Lyon

Né le 5 juillet 1872 à Troyes, Édouard Herriot entre à l’École normale supérieure en 1891 et en sort deux ans plus tard agrégé de Lettres. En 1895, il vient s’installer à Lyon pour enseigner les lettres classiques au lycée Ampère. Le 30 octobre 1899, il épouse Blanche Rebatel, fille du docteur Fleury Rebatel, président du Conseil général du Rhône, ce qui facilite son entrée en politique.
En 1904, il est élu pour la première fois conseiller municipal à Lyon puis devient maire le 3 novembre 1905. Il devient sénateur en 1912 et embrasse ainsi une carrière politique nationale qui fait de lui l’un des principaux représentants du parti Radical.

À la déclaration de guerre, c’est un maire relativement jeune de 42 ans qui poursuit son deuxième mandat. Rapidement il va savoir prendre des décisions stratégiques pour sa ville et pour ses concitoyens que cela soit dans le domaine social, médical ou encore économique.
C’est avec clairvoyance qu’il juge les évènements. Convaincu que la société sera durablement marquée par cette guerre il décide, dès avril 1915, de la création à la bibliothèque de Lyon d’un fonds de la Guerre afin de témoigner de l’histoire pour les générations futures. Maire très engagé, très actif et souvent innovant dans ses projets, Édouard Herriot a marqué durablement les Lyonnais et leur territoire.

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Première école de rééducation professionnelle
41 rue Rachais
69007 Lyon

Les écoles municipales de rééducation professionnelle de blessés militaires

Lyon, comme d’autres villes françaises, devient rapidement une base arrière pour la prise en charge des militaires blessés. Une fois soignés, les militaires mutilés ou invalides doivent apprendre à se servir de leur appareillage, puis retrouver une activité professionnelle dans la vie civile.
C’est avec ce souci d’aide à la réinsertion professionnelle que la Ville de Lyon, sous l’impulsion de son maire Édouard Herriot, valide la création, lors du Conseil municipal du 30 novembre 1914, d’une structure novatrice : l’école municipale de rééducation professionnelle de blessés militaires.
Le premier élève est accueilli le 16 décembre 1914 dans un bâtiment communal situé rue 41 Rachais, dans le 7e arrondissement. Du fait de la saturation de la première école, il est décidé d’en installer une nouvelle 25 chemin de Tourvielle, dans le 5e arrondissement, qui ouvre le 14 mai 1915. En 1916, les deux écoles accueillent pas moins de 255 élèves.

Les deux écoles vont ainsi former, pendant quatre années, à différents types de métiers : papeterie, menuiserie-ébénisterie (avec notamment la confection de jouets), cordonnerie, confection, horticulture, radiotélégraphie et travail de la fourrure. La section orthopédie, voulue par Herriot, se chargera quant à elle de la réalisation d’appareillage pour les mutilés.

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Hôpital Grange Blanche
5 Place d’Arsonval
69003 Lyon

Ouvroirs et chantiers municipaux

Le monde économique est mis à mal dès l’automne 1914. Le manque de personnel, les difficultés d’approvisionnement, la disparition de certains débouchés fragilisent de nombreux secteurs d’activité. En conséquence, le chômage se développe et renforce les difficultés matérielles de nombreuses familles. La municipalité, dans un souci de venir en aide à ses administrés, décide de lancer de grands chantiers. Ainsi, les travaux du stade de Gerland et de l’hôpital Grange Blanche, mis en chantier avant-guerre, se poursuivent malgré tout, faisant appel d’abord à une main d’œuvre locale puis, lorsque le marché de l’emploi s’améliore, aux prisonniers de guerre allemands puis aux immigrés asiatiques.

Quant au chômage féminin, Édouard Herriot décide de créer des ouvroirs municipaux où les chômeuses sont employées à des travaux de couture contre rémunération. Il leur est demandé de confectionner des vêtements et autres effets destinés aux hôpitaux ou aux œuvres municipales en faveur des soldats et des prisonniers. C’est un véritable succès. Installés dans des bâtiments municipaux, ce sont une trentaine d’ouvroirs qui vont s’ouvrir dans toute la ville.

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Place du Maréchal Lyautey
69006 Lyon

La foire aux échantillons de 1916 : une offensive économique

À la veille de la guerre, les édiles locaux souhaitent faire rayonner la ville à l’international du point de vue économique. Longtemps centrée sur la soie, l’économie lyonnaise s’est diversifiée en ce début de siècle, notamment dans les domaines de la chimie et de la mécanique, avec de grands noms comme Guimet, Gillet, Berliet ou encore Lumière.
Afin d’attirer des entrepreneurs et des financiers mais aussi pour mettre en lumière le dynamisme économique de l’industrie et des entrepreneurs lyonnais, il faut à Lyon une foire internationale comme la ville savait les organiser au Moyen-Âge : ce sera la foire aux échantillons. Elle ouvrira ses portes le 1er mars 1916.
Cette offensive économique est conçue et organisée par des commerçants et industriels de la ville avec l’appui de la municipalité lyonnaise. Elle promeut l’industrie française, mais elle a surtout pour objectif de concurrencer la foire allemande de Leipzig en plein conflit armé. Lyon n’étant pas une ville du front, c’est l’occasion pour elle d’exprimer tout son engagement patriotique.

Cette foire aux échantillons est un véritable succès. Pendant près de quinze jours le public, nombreux, peut découvrir les nombreux stands qui envahissent toute la ville.

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Soutenir

Dès le début des combats, ceux de l’arrière se demandent comment aider leurs proches partis au front. D’abord de nature interpersonnelle, la solidarité prend rapidement une dimension collective. On tente d’améliorer le quotidien du poilu qui défend la patrie en lui envoyant des couvertures, de la nourriture, des vêtements… mais aussi des centaines de lettres pour soutenir son moral et entretenir le lien avec sa vie d’avant. La solidarité s’organise, elle va tisser des liens forts et durables entre le front et l’arrière.
Les initiatives sont multiples et diverses : collecte de fonds, réalisation de vêtements, confection de colis, marraines de guerre, visites de prisonniers, aide à la réinsertion… Certaines sont pilotées directement par l’État, mais les municipalités peuvent aussi investir ce champ. À Lyon, la municipalité crée l’Œuvre de Secours aux Prisonniers de Guerre. Les œuvres privées sont également très nombreuses : elles peuvent naître à l’initiative d’un individu, d’une famille, d’une association ou d’organisations religieuses.
À travers toutes ces actions de solidarités, les civils de l’arrière tentent, par tous les moyens dont ils disposent, de participer eux aussi à la guerre.

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Gare de Lyon-Perrache
14 Cours de Verdun Rambaud
69002 Lyon

Clotilde Bizolon : la maman des poilus

Née en 1871 dans l’Ain, Clotilde Bizolon s’installe à Lyon dans les années 1890 avec son mari et son fils dans le quartier de Perrache pour y ouvrir une cordonnerie.

Dès les premiers jours de la guerre, alors que son fils unique est mobilisé, Clotilde Bizolon, veuve de 43 ans, prend l’initiative, sur ses deniers propres, de dresser à l’entrée de la gare de Perrache une buvette en plein air pour servir gratuitement des boissons chaudes et des casse-croûtes aux soldats de passage afin de leur apporter un réconfort moral et matériel.

En 1915, elle apprend le décès de son fils mais tient sa promesse et continue son œuvre avec détermination. Sa principale préoccupation est alors de chercher l’argent nécessaire au bon fonctionnement de son œuvre au « déjeuner du soldat ». Quelques voisins, divers mécènes et parfois les soldats eux-mêmes la soutiennent en glissant quelques pièces dans la timbale en fer blanc qui traîne au coin du comptoir.
Après de nombreuses demandes, la municipalité lui accorde elle aussi son soutien et lui fait construire un guichet en « dur ».

Baptisée par les Lyonnais « la maman des poilus » la mère Bizolon sera présente tous les jours sur le quai de Perrache et ce pendant toute la durée de la guerre.

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Ancien siège du comité de Lyon de la Croix-Rouge
7 Rue Auguste Comte
69002 Lyon

Le soutien aux poilus

Moral ou matériel, le soutien aux poilus s’exprime de plusieurs manières. À Lyon, de nombreuses œuvres publiques ou privées sont mobilisées, telles que l’œuvre nationale des vêtements d’hiver ou encore l’œuvre de la lingerie.

À la déclaration de guerre, personne n’imagine que bon nombre de prisonniers passeront des mois, voire des années dans les camps de prisonniers. L’Allemagne n’est finalement pas équipée pour recevoir tous ces prisonniers et les conditions « d’accueil » sont donc très mauvaises. Conscient de cela, le maire de Lyon Édouard Herriot met en place, dès l’automne 1914, l’œuvre de secours aux prisonniers de guerre de la Ville de Lyon qu’il place sous la présidence de son épouse Blanche.
Cette œuvre, qui soutient en priorité les soldats lyonnais et russes, parraine plusieurs camps.
Elle va ainsi envoyer des milliers de colis (près de 500 000 sur toute la durée du conflit) aux prisonniers retenus en Allemagne. Le colis n’est pas juste une façon d’améliorer les conditions de vie, c’est véritablement une question de survie comme le rappellent les nombreux prisonniers qui adressent régulièrement des lettres de remerciements à Madame Herriot.
Subventionnées par l’État, ces œuvres ont pu fonctionner grâce à la générosité des Lyonnais.

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Ancien siège du Comité de secours aux rapatriés
2 boulevard des Belges
69006 Lyon

Le soutien aux réfugiés et aux zones sinistrées

La question des réfugiés se pose de manière pressante à Lyon et ce dès les premiers jours du conflit. Il existe trois catégories de réfugiés : les évacués sur ordre des autorités civiles ou militaires, les réfugiés ayant fui l’invasion et les rapatriés ayant subi l’occupation. Ce sont des milliers de personnes qui, fuyant leur région, se retrouvent à Lyon, grande ville de l’arrière facilement accessible en train et suffisamment loin du front pour garantir un minimum de sécurité.

Ces réfugiés sont rapidement pris en charge par la municipalité par son service d’assistance mis en place début 1915, mais aussi par de nombreuses associations comme le comité lyonnais de secours aux rapatriés créée par Mme Gillet, femme d’industriel lyonnais.

Afin de protéger les enfants, des colonies d’enfants réfugiés se mettent également en place en région lyonnaise. Enfin, la Ville de Lyon décide de venir en aide aux zones dévastées par les combats et par l’occupation. C’est ainsi que par la délibération du 17 décembre 1917, elle devient marraine des villes de Laon et Saint-Quentin, toutes deux situées dans l’Aisne. Elle leur apportera son soutien dès le début de l’année 1918 et les aidera à se reconstruire après la guerre.

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Siège historique de la Banque de France
14 et 16 rue de la République
69002 Lyon

Le soutien économique

La guerre vide rapidement les stocks de munitions et d’approvisionnement de l’Armée française et s’annonce bien plus longue que prévu. Pour la financer, l’État contracte des prêts auprès de la Banque de France mais aussi auprès de pays alliés. Il demande aux Français de changer leur or contre des billets, car l’or lui permet de régler les factures auprès de ses fournisseurs étrangers.

L’argent liquide se fait rare, car les Français constituent leur bas de laine et ce manque de liquidité pose problème. L’État prend alors une décision exceptionnelle et confère aux Chambres de Commerce et d’Industrie le droit de battre monnaie afin d’augmenter la monnaie en circulation.

Mais toutes ces mesures ne suffisent pas : c’est pourquoi l’État lance un nouvel appel à la population et lui demande de souscrire aux emprunts nationaux. Quatre grands emprunts sont ainsi lancés entre 1915 et 1918, portés par une communication qui met en avant la dimension patriotique. On peut véritablement parler de propagande, car ces campagnes sont aussi le moyen de mobiliser la société dans son ensemble et d’entretenir son implication dans une guerre qui se joue sur tous les fronts.

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L’économie de guerre

Pendant la Première Guerre, l’activité industrielle est intense. La consommation en munitions est immense, les stocks se vident rapidement et la situation est d’autant plus difficile que le conflit prive la France de dix départements industriels.
Pour continuer à fournir l’armée, le ministre de la guerre Alexandre Millerand demande, dès le 20 septembre 1914, que l’on multiplie par dix la production d’obus de 75. Les autorités ont compris que la guerre allait aussi se jouer à l’arrière : c’est pourquoi elles lancent un appel pour mobiliser tout le système productif.
Lyon va répondre positivement et de nombreux industriels locaux vont adapter leurs chaînes de production et se lancer dans la construction de matériels de guerre, d’obus, de petits équipements, de véhicules…
La production se tourne donc tout entière vers les besoins du front et participe à l’effort de guerre. Cette situation exceptionnelle va conduire de nombreux industriels à innover en développant de nouveaux produits afin de répondre aux besoins créés par la guerre moderne. À Lyon, de nouveaux secteurs d’activités vont s’imposer, comme la chimie avec l’entreprise Gillet ou l’automobile avec Berliet.

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Usines Lumière Rue du Premier Film
69008 Lyon

Les frères Lumière : progrès et innovation

Né en 1862, Auguste Lumière, physicien de formation et ancien élève de la Martinière, travaille, au début du siècle, avec son frère Louis au développement de la photographie et du cinéma.
Dès l’entrée en guerre, il demande à reprendre du service et est affecté au Service de Santé de l’Hôtel-Dieu. Chargé de la gestion du service radiographique, car il en connaît déjà les équipements : il réalise, avec ses équipes, plus de dix-huit mille radios de malades dont les développements et les tirages sont offerts par la Société Lumière.
Se passionnant pour la biologie et la physiologie, il travaille sur le phénomène de cicatrisation et invente un pansement pour le traitement des brûlures : le tulle gras Lumière.

Louis Lumière, né en 1964, chimiste de formation et ancien élève de la Martinière, va, quant à lui, mettre au point différentes inventions, comme le réchauffeur catalytique qui permet la combustion sans flamme de l’essence et empêche ainsi l’huile de geler dans les moteurs et les canalisations des commandes d’avions. Pour les blessés amputés, il invente une prothèse pince-main. C’est un vrai chef-d’œuvre de mécanique de précision qui sera fabriqué à cinq mille exemplaires sous licence gratuite accordée au constructeur.

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Halle Tony Garnier
20 Place docteurs Charles et Christophe Mérieux
69007 Lyon

Les industries de guerre : l’exemple du quartier de Gerland

La mobilisation industrielle modifie le visage de la ville. Elle s’engage pleinement dans la production de guerre et voit certains de ses quartiers s’industrialiser rapidement, le plus emblématique étant le quartier de Gerland.

Faubourg industriel qui s’est développé à la fin du 19e siècle grâce au chemin de fer, c’est un quartier encore faiblement urbanisé où l’on retrouve principalement une population d’ouvriers non qualifiés et des populations immigrées.
L’espace foncier encore largement disponible pousse de nombreuses entreprises à s’y installer et offre à la municipalité lyonnaise un espace pour de nouvelles réalisations telles que le stade ou les abattoirs (actuelle halle Tony Garnier) dont les constructions débutent avant-guerre.

En 1914, le quartier se tourne vers la production de guerre, le point central étant la société l’Éclairage Électrique qui s’installe dans la halle. La nouvelle Usine de Matériel de Guerre devient rapidement la plus grande usine de Lyon. Elle comptera jusqu’à 13 000 ouvriers en avril 1917. Sa particularité sera d’employer jusqu’à 50 % de femmes.

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Palais du Commerce
8 rue Lanterne
69001 Lyon

Le travail des femmes

Dès le 7 août 1914, le président du Conseil René Viviani lance un appel aux femmes françaises, notamment celles des campagnes, pour qu’elles assurent les travaux des champs en l’absence des hommes mobilisés. Après les femmes des campagnes, ce sont celles des villes que l’on appelle, dès 1915, à rejoindre les usines. En effet, la main d’œuvre manque malgré le recours à des travailleurs étrangers, issus ou non des colonies et le retour de certains soldats mobilisés à l’arrière.
Le monde du travail se modifie donc avec l’arrivée de ces femmes à qui l’on confie désormais des emplois considérés auparavant comme masculins : elles deviennent ainsi conductrices de tramway, factrices et nombreuses sont celles qui rejoignent le secteur de la métallurgie, notamment pour la fabrication d’obus.

Il faut cependant nuancer l’impact de ce nouvel accès à l’emploi. Même s’il s’agit d’une nouveauté pour les femmes des classes moyennes, les femmes des classes populaires travaillent déjà depuis longtemps. Pendant la guerre, la part des femmes dans les effectifs atteint 40 % mais, avant-guerre, elle était déjà de 32 %. De plus, cela ne contribue pas à faire avancer la cause des femmes puisque ces dernières sont renvoyées à leur foyer à la fin de la guerre, les droits obtenus sont supprimés et l’État lance une série de mesures natalistes pour repeupler le pays.

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Préfecture du Rhône (représentant du ministère de l’agriculture et du ravitaillement)
106 rue Pierre Corneille
69003 Lyon

Les restrictions pour les civils

Dès les premiers jours du conflit, l’approvisionnement devient difficile et les prix augmentent. La diminution de la production ajoutée à la priorité absolue donnée aux besoins du front ont pour conséquence une vaste campagne de restrictions. Tous les domaines de la vie sont concernés et se soumettent au mot d’ordre national : économiser.
Dès 1915 le pain est rationné suite à une mauvaise récolte puis, en 1916, ce sont la viande, le poisson, le sucre, l’huile, les pommes de terre qui se font rares : le marché noir se développe.
Pour pallier les manques qui affectent de plus en plus durement les populations, le gouvernement met en place un ministère du ravitaillement, chargé de gérer les ressources et d’orchestrer l’approvisionnement. À Lyon, la municipalité trouve une réponse locale pour réduire encore davantage l’impact de ces pénuries sur les Lyonnais, qui continuent de bénéficier d’un approvisionnement relativement correct.

Malgré tout la situation devient vraiment difficile à vivre à partir de 1917. Après un hiver rigoureux, la pénurie est telle que le gouvernement se voit dans l’obligation de mettre en place des tickets de rationnement. Le moral de la population décline et le risque de délitement de son engagement patriotique est réel.

Extrait audio : Guignol, Bataille de Juliénas, extrait 2

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Lyon, ville-hôpital

La modernisation de l’armement et le développement important de l’artillerie entraînent l’apparition de nouveaux types de blessures nécessitant un acte chirurgical. Les nombreuses victimes doivent donc être rapatriées à l’arrière afin de bénéficier de soins adaptés.
Lyon devient rapidement une place hospitalière importante où se retrouvent des milliers de militaires blessés et de convalescents. Dès la mi-août 1914, les premiers convois sanitaires arrivent dans les gares lyonnaises. Le 21 août, Édouard Herriot informe la population que Lyon vient d’être désignée pour hospitaliser le plus grand nombre possible de blessés et, entre le 21 et le 24 août, ce sont près de 750 blessés qui arrivent.
Il faut donc augmenter les capacités d’accueil. Les initiatives sont nombreuses : autorités militaires, municipalité, Hospices Civils de Lyon, Croix-Rouge, sociétés de bienfaisance ou encore initiatives privées. Elles permettent d’ouvrir rapidement de nouveaux hôpitaux. La municipalité n’hésite pas à réquisitionner nombre de bâtiments dont des écoles, tandis que la famille Lumière ouvre un établissement sur ses deniers propres. La famille Gillet, quant à elle, offre une maison pour l’installation d’un hôpital militaire. Toute la ville se mobilise pour mettre en place un accueil médical de qualité, devenant une véritable ville-hôpital pour toute la durée de la guerre.

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Centre de chirurgie maxillo-faciale (actuelle école maternelle de la Gare d’eau)
12 quai Jayr
69009 Lyon

Avec la guerre moderne : les blessés de la face ou « gueules cassées »

L’utilisation de nouveaux types d’armes – fusils, obus ou encore lance-flammes – et le passage à une guerre de tranchées, entraîne l’apparition d’un nouveau type de blessure : la blessure faciale. Elle concernera près de 14 % des blessés de guerre au cours des quatre années du conflit.

Le corps médical doit s’adapter car ce type de blessures est très spécifique. Il s’organise donc autour de centres spécialisés. C’est ainsi que la direction du Service de Santé des Armées organise, dans chacune des régions militaires, des services spéciaux d’ophtalmologie, d’oto-rhino-laryngologie, de prothèse maxillo-faciale, d’orthopédie…

En région lyonnaise, c’est Albéric Pont, médecin, pionnier dans le domaine des prothèses pour le visage, qui prend la tête du centre maxillo-facial le 10 novembre 1914. Ce centre prend sa forme définitive à la fin de l’année 1915 avec une capacité totale de 800 lits, portée à 850 lits en 1917. Pendant quatre ans, des milliers de blessés passent par ce centre et retrouvent un visage grâce à Albéric Pont et à ses équipes.

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Ancienne Gare des Brotteaux
69006 Lyon

L’accueil des blessés

Du fait de sa situation géographique sur les lignes de chemin de fer et de sa longue tradition hospitalière, Lyon joue rapidement un rôle important dans le rapatriement et le traitement des blessés de guerre.
Dès août 1914, les premiers convois sanitaires arrivent nombreux dans les gares lyonnaises comme celles de Vaise ou de la Mouche, mais c’est la gare des Brotteaux qui devient rapidement la principale gare d’arrivée des malades ou blessés évacués du front.

Afin d’améliorer l’accueil, des infirmeries sont mises en place au sein même des gares pour prodiguer les premiers soins et le personnel soignant se tient prêt. Mais à la descente du train, c’est d’abord un accueil en grande pompe qui attend les blessés. Régulièrement, Édouard Herriot, maire de Lyon, mais aussi d’autres personnalités politiques telles que Justin Godart, député lyonnais et sous-secrétaire d’État au service de santé au Ministère de la Guerre, organisent, de manière très solennelle, un accueil officiel des blessés dans la gare. Ces cérémonies font honneur à ceux qui sont allés combattre au front, tout en mettant en lumière l’engagement patriotique des édiles locaux.
Passé cet accueil, les blessés sont triés puis répartis dans les différentes unités de soins présentes sur tout le territoire lyonnais.

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Ancienne faculté de médecine et de pharmacie
18 quai Claude Bernard
69007 Lyon

Le personnel soignant

La déclaration de guerre fragilise les administrations. À Lyon, les Hospices civils voient une grande partie de leur personnel mobilisée soit sur le front, soit à l’arrière pour assurer les soins aux blessés de guerre. La plupart des chefs de services et presque tous les internes et externes tombant sous le coup de la loi militaire, comment assurer le soin aux malades ?
Certains mobilisés sont rapidement rappelés mais cela ne suffit pas. On rappelle alors certains médecins et chirurgiens plus âgés. Ce personnel trop peu nombreux va travailler dans des conditions souvent difficiles mais avec le souci de soulager tous les patients, militaires et civils.
Les hôpitaux vont également compter sur un personnel soignant dévoué, professionnel ou bénévole, composé majoritairement de femmes qui officient comme infirmières.

Par le biais de ses trois sociétés, la Société de Secours aux Blessés Militaires, l’Association des Dames de France et l’Union des Femmes de France la Croix-Rouge française va mobiliser puis former plus de 68 000 infirmières bénévoles. Véritable appui pour le Service de santé de l’armée, elle va envoyer ces femmes travailler dans les hôpitaux auxiliaires installés en zone arrière, mais aussi au sein des infirmeries et des cantines de gare ou encore auprès des populations des régions envahies et sur le front. L’engagement de ces milliers d’infirmières est réel et nombre d’entres elles y laisseront la vie.

Gadagne : Guignol sur les mobilisés, extrait 2

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Hôtel-Dieu de Lyon
1 Place de l’Hôpital
69002 Lyon

Pour sauver les militaires blessés : le don du sang

Les nouvelles blessures engendrées par l’artillerie moderne conduisent le corps médical à innover et à appliquer de nouvelles techniques encore peu ou pas testées, telle la transfusion sanguine. Bien que les premières tentatives remontent au 17e siècle, ce n’est qu’en 1900 que l’on découvre le principe du groupe sanguin ; jusqu’en 1914 la transfusion sanguine s’opère toujours de veine à veine car on ne sait pas encore conserver le sang.

Pourtant, les nombreuses opérations rendues inévitables par la gravité des blessures font que la demande de sang devient pressante. À Lyon, les Hospices civils lancent un appel aux donneurs de sang : c’est un afflux de volontaires qui contacte l’économat de l’Hôtel-Dieu. En moins de huit jours, 150 personnes se font inscrire et se déclarent prêtes à donner leur sang. Ces donneurs, hommes ou femmes, sont décrits par la presse de l’époque comme de véritables héros. Pour les remercier, le Conseil d’administration des HCL décide même d’attribuer à ces donneurs de sang une médaille pour acte de dévouement.

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Le front vu depuis Lyon

La guerre est présente matériellement même si Lyon est loin du front. Des trophées de guerre sont acheminés depuis les zones de combat puis exposés. Canons, matériels militaires sont mis en scène sur les grandes places lyonnaises. Le souvenir du sacrifice est lui aussi partout présent puisque la municipalité modifie le nom de certaines rues : c’est ainsi qu’apparaissent le boulevard des Belges, la rue d’Anvers, la rue d’Ypres ou encore le cours de Verdun. Certains soldats morts au combat sont également honorés qu’ils soient connus ou anonymes tels que le Brigadier Voituret, Georges Guynemer ou encore Paul Lintier.
La vie quotidienne est également rythmée par des prises d’armes et des remises de décorations qui se succèdent pour remercier ceux qui partent au front, mais aussi pour honorer ceux qui ont donné leur vie pour la patrie.

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Hôtel du Gouverneur militaire de Lyon
38, avenue Foch
69006 Lyon

Communication officielle

Le 2 août 1914, l’état de siège suspend la liberté de la presse et le 5 août, la censure est décrétée. Tout est désormais subordonné aux impératifs de la guerre. Les objectifs des autorités sont de ne pas renseigner l’ennemi et de préserver le moral des Français en minimisant le nombre d’informations sur la guerre. Afin de contrôler l’information, l’état-major transmet quotidiennement trois communiqués qui donnent la version officielle des opérations. Ce sont ces informations qui doivent être reprises et diffusées par les journaux. Les autres médias comme les cartes postales, photographies, films ou encore affiches sont eux aussi utilisés pour diffuser des messages patriotiques.

En parallèle, le gouvernement essaye de contrôler l’image qui est donnée du front. Une campagne photographique est ainsi lancée dès avril 1915 sur les premières lignes d’infanterie, elle est confiée à Jean-Baptiste Tournassoud. Ce militaire de carrière originaire de l’Ain, ami des frères Lumière, est passionné de photographie. Au cours de la guerre il réalise environ 2 500 vues, dont certaines seront publiées en 1920 dans son ouvrage « Grande Guerre ». C’est une guerre mise en scène qu’il propose, folklore guerrier éloigné de la réalité des soldats. Remarquable photographe, il est nommé chef du service photographique et cinématographique de la guerre par Clémenceau en 1918.

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Ancien siège du Progrès
85 Rue de la République
69002 Lyon

Presse lyonnaise et censure

À Lyon, la presse locale est très importante. Elle compte plus d’une centaine de titres dont les plus célèbres sont le Progrès, le Lyon Républicain et le Nouvelliste de Lyon.
L’état de guerre entraînant une augmentation du prix du papier, le nombre de pages se réduit et l’on se concentre sur les informations internationales et les nouvelles du front transmises essentiellement par les communiqués officiels quotidiens de l’état-major.
La presse locale tient une place importante dans la vie des Lyonnais. C’est une source vitale d’informations pour tous ceux qui attendent avec angoisse des nouvelles de leurs proches. Pourtant, qu’elle soit locale ou nationale, la presse se soumet à la censure décrétée le 5 août 1914 et au contrôle de l’administration. Les journalistes voient leurs articles modifiés, coupés ou tout simplement supprimés. Dans les journaux apparaissent des colonnes blanches, « caviardées », qui figurent l’application de la censure. Le lecteur n’est pas dupe car d’autres canaux d’informations lui font parvenir des nouvelles un peu différentes, qu’il s’agisse des lettres qu’il reçoit du front ou des nombreux soldats permissionnaires ou convalescents qu’il peut rencontrer à Lyon.

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Gare de Lyon-Perrache
14 Cours de Verdun Rambaud
69002 Lyon

Troupes en transit, permissionnaires, blessés et prisonniers

Les Lyonnais sont en contact quotidien avec les soldats. De nombreuses troupes françaises ou étrangères sont présentes à Lyon, qu’elles soient en transit et donc en attente de rejoindre le front via le chemin de fer ou qu’elles s’entraînent au sein de leurs casernes, comme les troupes américaines qui s’installent en 1918 dans le futur quartier des États-Unis (8e arrondissement).

Lyon est aussi un lieu d’accueil des permissionnaires et des convalescents. Cherchant à se distraire, ceux-ci investissement les rues, les parcs, les cinémas et les cafés. Cela pose quelques problèmes : consommation excessive d’alcool, trouble de l’ordre public et développement de la prostitution, ce qui pousse la municipalité à prendre de nombreux arrêtés. Afin de pallier ces difficultés et encadrer les loisirs, les autorités civiles et militaires créent dès 1915 des locaux réservés aux soldats tels que l’œuvre du repos du soldat qui ouvre dans le parc de la Tête d’or. Enfin, Lyon accueille des prisonniers ennemis, des militaires austro-allemands astreints à travailler sur de grands chantiers municipaux.

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Ancien centre de tri postal
18 Rue Dugas-Montbel
69002 Lyon

La correspondance

La correspondance a joué un rôle essentiel pendant toute la durée du conflit. Seul moyen de maintenir le contact entre les soldats et leurs familles, des milliers de lettres qui s’échangent chaque jour. Ces lettres et cartes postales sont avant tout là pour rassurer et chacun ménage l’autre. Le soldat évite de parler de la guerre elle-même pour ne pas affoler ses proches, mais aussi parce qu’il sait que son courrier peut être ouvert par les autorités qui sont en droit de le censurer. Les familles quant à elles parlent de leur routine quotidienne, des enfants, des amis, afin que le soldat garde un lien avec son univers familier malgré l’éloignement.
Cependant, malgré la censure et l’autocensure, le courrier permet à des milliers de familles d’avoir des nouvelles autres que celles des journaux et des communiqués officiels. Ainsi se forge la conscience des réalités des combats et des souffrances endurées.

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À l’arrière, les Lyonnais

En 1914, la ville de Lyon compte environ 523 796 habitants. C’est une ville en pleine expansion et en chantier permanent avec la construction des abattoirs de la Mouche, de l’hôpital Grange Blanche, du stade de Gerland et des tout premiers logements sociaux.
D’un point de vue économique, des Lyonnais participent au développement de nouveaux secteurs industriels comme la chimie avec la famille Gillet ou encore la construction automobile avec Marius Berliet.
C’est une ville en plein essor, une ville de l’arrière qui va pleinement s’engager dans le conflit et tenir pendant quatre ans. Ses habitants vont produire pour le front, soutenir le conflit par des œuvres de bienfaisance et par leur contribution financière. Ils vont également pleurer leurs fils, leurs maris, leurs pères, leurs amis : très vite le deuil envahit l’espace public et chacun cherche le réconfort dans la religion ou dans l’engagement. Le chagrin est partout présent mais l’abattement fait rapidement place à la ténacité.

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Bureau de recrutement (Lyon-central)
31 cours de Verdun
69002 Lyon

Les hommes de l’arrière

Si la guerre mobilise des millions d’hommes sur le front, des hommes sont pourtant présents à l’arrière. Ils sont ajournés, exemptés ou réformés par les autorités militaires et donc non mobilisables, mais ils peuvent être également mobilisés à l’arrière. La loi Dalbiez du 17 août 1915 permet en effet d’affecter aux établissements et aux usines travaillant pour la défense nationale des hommes appartenant à l’une des classes mobilisées ou mobilisables. Ces hommes, mal vus des combattants qui les considèrent souvent comme des privilégiés, jouent un rôle important dans l’économie de guerre.
Il existe une autre catégorie d’individus, peu nombreuse mais souvent mise en avant : celle des embusqués qui parviennent à échapper au sort commun grâce à leurs relations. Ils sont la cible de la presse patriotique.
Enfin, de nombreux hommes arrivent en France à l’appel de l’État pour pallier le manque de main-d’œuvre masculine. Des milliers de coloniaux et d’étrangers arrivent massivement sur le territoire : Algériens, Marocains, Tunisiens, Indochinois, Chinois, Malgaches, Belges, Espagnols, Portugais, Italiens et Grecs.

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Union des chambres syndicales lyonnaises
1 rue du Bât d’Argent
69001 Lyon

Contester face à l’Union Sacrée

L’Union Sacrée suspend un temps les contestations, mais les grèves reprennent dès 1916. L’issue de la guerre est de plus en plus incertaine et la population est lasse. Les efforts demandés, les deuils, l’inflation, les pénuries, les privations favorisent la résurgence des partis politiques et la contestation.
L’hiver 1916-1917 est extrêmement rigoureux, ce qui entraîne des problèmes de ravitaillement et d’augmentation des prix. Les cartes de rationnement se généralisent et les premières grèves éclatent à l’initiative des femmes qui protestent contre la vie chère, pour l’augmentation des salaires et pour l’amélioration de leurs conditions de travail. Ce ne sont pas moins de 696 grèves qui s’organisent au cours de l’année 1917. Les syndicats regagnent de l’importance. À titre d’exemple, les effectifs de la CGT passent de 300 000 adhérents en 1917 à 600 000 en 1918.
L’année 1917 est également marquée par des slogans pacifistes qui font écho aux mutineries du front. Cependant, les idées pacifistes n’ont que peu de retentissement face au discours patriotiques soutenus par l’État qui engagent l’arrière à faire l’ultime effort pour la victoire.

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Ancien théâtre Guignol
30 quai Saint-Antoine
69002 Lyon

La contre-propagande

Alors que les autorités essayent de contrôler les médias et la circulation de l’information par la censure et qu’elles tentent d’imposer un discours pro-guerre, la contre-propagande s’organise.
À Lyon, la figure de Guignol illustre ce phénomène. Même s’il est parfois utilisé comme symbole patriotique, il n’est pas toujours le chantre du discours dominant. Il exprime parfois un patriotisme mitigé et un sentiment de lassitude face à une guerre qui s’éternise. Renouant avec la verve de ses débuts, le personnage se montre parfois très critique. Il n’hésite pas à dénoncer les inégalités sociales, les profiteurs de guerre, les manquements des autorités ou encore la censure. Il relate les événements, parle du conflit d’une manière un peu plus franche et se fait ainsi le porte-voix de la population et des soldats.
Ce contre-discours trouve aussi des relais parmi les nombreux permissionnaires ou convalescents qui témoignent parfois de l’horreur des combats. Les artistes, écrivains ou peintres, sur le front comme à l’arrière, apportent également une autre vision des choses.

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Place Bellecour
69002 Lyon

Les loisirs, la vie continue

À l’arrière, la vie continue malgré tout et la vie artistique et culturelle lyonnaise se poursuit. Même si certaines salles de spectacles sont réquisitionnées, le Grand-Théâtre et le Théâtre des Célestins continuent de fonctionner. Le Grand Théâtre propose des représentations mais aussi des projections cinématographiques. Les Lyonnais peuvent également profiter de spectacles de music-halls, de concerts … qui sont proposés dans les cafés ou encore dans les espaces publics.
Le contexte est grave, mais le divertissement est important comme le rappelle l’hebdomadaire humoristique Guignol dans son premier numéro du 10 octobre 1914 : « en faisant paraître notre journal, nous devons une brève explication aux lecteurs. Et d’abord, sa création vient-elle en temps opportun ? Dans ces moments si critiques, ne serait-il pas mieux de consacrer toutes ses énergies à la défense du sol national… Loin de nous toute idée de lucre ; le but que nous nous proposons est beaucoup plus noble : ne pas laisser éteindre l’esprit gaulois, la caractéristique de notre race, répandre partout la bonne humeur et la franche gaîté… ».

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La fin de la guerre : armistice, démobilisation et retour des hommes

Le 11 novembre 1918 à 5h15, le document d’armistice est signé dans un wagon-restaurant stationné dans la clairière de Rethondes, en forêt de Compiègne. La guerre se conclut par une défaite de l’Allemagne. À 11h, dans toute la France, les cloches sonnent à la volée pour annoncer la fin du conflit.
Cet armistice signe l’arrêt des combats mais aussi le retour des soldats dans leur foyer.
D’abord le retour des soldats dans le cadre de la démobilisation : cela ne se fait que très progressivement puisque les 5 millions de soldats français reviennent dans leur foyer entre novembre 1918 à septembre 1919. Quant aux classes 1918 et 1919, elles ne sont libérées qu’en 1920 et 1921.
Il signe aussi le retour des quelque 600 000 soldats faits prisonniers entre août 1914 et novembre 1918. Une clause prévoit, en effet, un rapatriement immédiat. Les prisonniers quittent donc l’Allemagne par leurs propres moyens et rentrent en France.
1918 marque la fin des affrontements mais c’est l’année 1919 et le traité de paix de Versailles, signé le 28 juin, qui marquent véritablement la fin de la guerre et le retour de la paix.

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Office national des anciens combattants et victimes de guerre (ONACVG)
Service départemental Rhône
3 et 5, rue Louis Vitet
BP 1141
69203 Lyon Cedex 01

Morts pour la France, veuves de guerre et pupilles de la Nation

La Première Guerre mondiale laisse un lourd bilan, avec 1,4 million de morts, plus de 4 millions de blessés, 600 000 veuves de guerre et 986 000 orphelins. L’État prend donc des mesures pour venir en aide à ses concitoyens.

La loi du 2 juillet 1915, modifiée par la loi du 22 février 1922, institue la mention « Mort pour la France ». Il s’agit d’une récompense morale honorant le sacrifice des combattants morts au champ d’honneur et des victimes civiles de la guerre. Elle confère à la victime une reconnaissance et un statut ainsi qu’à ses ayants cause : sépulture individuelle et perpétuelle dans un cimetière militaire aux frais de l’État, pension pour la veuve, statut de pupille de la Nation pour les enfants.

C’est la loi du 27 juillet 1917 qui crée le statut de pupille de la Nation : « La France adopte les orphelins dont le père, la mère ou le soutien de famille a péri, au cours de la guerre de 1914, victime militaire ou civile de l’ennemi ».

Les veuves de guerre sont, elles aussi, soutenues par l’État. Des emplois réservés dans la fonction publique leur sont attribués, ainsi que des aides financières ou encore des pensions. La loi du 31 mars 1919 reconnaît aux militaires blessés et à leurs ayants cause le droit d’obtention d’une pension. Celle du 24 juin 1919 étend ce droit aux victimes civiles de la guerre et à leurs ayants cause.

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Borne de Verdun
Place Carnot
69002 Lyon

Commémorations, cérémonies et plaques commémoratives

Changer les noms des rues permet aux municipalités de rapidement commémorer les grandes batailles et les premières victimes. À Lyon, lors du conseil municipal du 14 septembre 1914, la municipalité attribue de nouveaux noms : boulevard des Belges (6e arr.), rue du Général Plessier (2e arr.) et avenue Jean Jaurès (7e arr.). En novembre ce sont la rue d’Anvers (7e arr.), la rue d’Ypres (4e arr.) ou encore la rue du Brigadier Voituret (3e). Cette dernière commémore le brigadier Ernest-Antoine Voituret né le 21 janvier 1890 à Lyon et mort pour la France le 29 août 1914 à Gerbeviller.

Des cérémonies commémoratives sont organisées alors que la guerre fait encore rage. Elles célèbrent de grandes victoires comme celle de la Marne en 1915 ou rendent hommage aux premières victimes. L’apposition de plaques commémoratives poursuit ces mêmes objectifs.

Ce mouvement commémoratif s’amplifie à partir de 1919. La loi du 25 octobre 1919 prévoit d’aider les communes à financer des monuments commémoratifs. Il est également précisé que tous les ans, le 1er ou le 2 novembre, une cérémonie sera consacrée dans chaque commune à la mémoire et à la glorification des héros morts pour la patrie. Elle sera organisée par la municipalité avec le concours des autorités civiles et militaires.

En 1920 apparaît l’idée de rendre hommage aux soldats de la Grande Guerre morts pour la France mais non identifiés. En vertu d’une loi votée à l’unanimité par le Parlement, la dépouille d’un soldat inconnu choisie à Verdun est placée, le 11 novembre 1920, dans une chapelle ardente à l’Arc de triomphe de l’Étoile, à Paris, puis inhumé le 28 janvier 1921.

Enfin, la loi du 24 octobre 1922 fixe au 11 novembre la commémoration de la victoire et de la paix.

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Parc de la Tête d'Or
Île du Souvenir
69006 Lyon

Le monument aux morts de la ville de Lyon

L’envie, la nécessité de rendre hommage aux morts de la Grande Guerre conduit les communes de France à ériger, dans les années 1920-1925, leurs monuments aux morts et ce malgré les difficultés de la reconstruction. L’État intervient pour accorder des subventions et réglementer les édifications tandis que les souscriptions populaires couvrent tout ou partie des dépenses.

La plupart des communes font appel à des marbreries et des fonderies funéraires qui proposent des modèles vendus sur catalogue.

À Lyon, un concours est lancé en 1920 pour l’élaboration du monument aux morts. La seule contrainte est d’avoir un espace suffisant pour inscrire la liste des 10 600 Lyonnais disparus. L’architecte Tony Garnier remporte le concours avec son projet « Philae », qui est approuvé par le conseil municipal le 19 juin 1922. Le maire, Édouard Herriot, fixe la pose de la première pierre au 10 décembre 1922.
C’est au cœur du parc de la Tête d’Or qu’est érigé le mémorial constitué d’une pièce principale représentant un cénotaphe (tombeau vide) enveloppé d’un linceul et porté par six figures évoquant la mort, ainsi que de quatre bas-reliefs sculptés représentant le départ, la guerre, la victoire, la paix. Les 10 600 noms sont gravés sur les pans extérieurs des murs de la terrasse.

Ce monument aux morts est inauguré le 5 octobre 1930.

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Cimetière national militaire de la Doua
30 Avenue Albert Einstein
69100 Villeurbanne

Le temps du deuil : les sépultures militaires

Au cours du 19e siècle, les fosses communes laissent place aux sépultures individuelles. Avec la guerre de 1914-1918, les belligérants développent des pratiques d’inhumation plus soucieuses de l’individualité du soldat, qui porte désormais une plaque permettant de l’identifier. Dès le début du conflit, le principe de la tombe individuelle est adopté par les Anglais et les Allemands. Elle est souvent surmontée d’un emblème indiquant l’identité du défunt et sa confession. Les sépultures communes sont réservées aux restes mortels qui ne peuvent pas être identifiés ou dissociés. En France, la loi de décembre 1915 entérine ce principe. La sépulture devient individuelle et permanente et son entretien est confié à l’État à perpétuité. À l’issue de la guerre, les pays alliés procèdent au regroupement des sépultures dispersées, à la recherche des corps sur les champs de bataille, à l’aménagement des cimetières de guerre et, pour certains, à la restitution des corps aux familles. En vertu des principes adoptés après 1870, la France prend en charge les tombes des soldats allemands inhumés sur son territoire. Chaque pays aménage ses cimetières selon ses conceptions architecturales et paysagères et édifie des monuments commémoratifs symboles de la reconnaissance de la patrie à ses soldats.

En région lyonnaise, on retrouve différents types de lieux de sépultures :

  • les cimetières municipaux avec les carrés militaires consacrés, mais aussi les caveaux de famille lorsque les corps ont été restitués.
  • les cimetières militaires comme le cimetière national militaire de la Doua situé à Villeurbanne qui est inauguré en 1954. Cette nécropole nationale rassemble des tombes de soldats ou de résistants, Français ou issus de troupes alliées de la Première ou de la Seconde Guerre mondiale, tous Morts pour la France.
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Aide

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À propos

Qui est Barthélémy Mermet ?

Au moment de la déclaration de guerre, Barthélemy Mermet, ancien rédacteur au journal le Nouvelliste, est comptable aux usines Lumière de Lyon. Il est âgé de 59 ans, est marié et a quatre enfants : une vie en apparence bien rangée de bon père de famille, plutôt « Ancien régime ». Mais son parcours, et surtout la teneur de certains commentaires écrits dans ses Carnets conservés aux Archives municipales de Lyon ont éveillé ma curiosité, car ils m’ont laissé imaginer que l’homme n’était pas aussi lisse que son premier abord semblait indiquer…

J’ai donc cherché à contacter des descendants pour en apprendre davantage sur sa personnalité, et j’ai rencontré l’un de ses arrière-petits-neveux, féru de généalogie et gardien de l’histoire familiale.

Il m’a confié des écrits complémentaires de cet arrière-grand-oncle, des récits ainsi que des poèmes, qui m’ont fait comprendre les motivations de ce vieux monsieur à écrire ces quelque 31 560 pages, mobilisant tout son temps libre pendant les quatre ans et demi de « lutte titanesque qui a ensanglanté le monde et finalement abouti à une victoire française qui a coûté 1 500 000 morts à notre pays ».

Ainsi qu’il se définit lui-même dans une sorte d’épitaphe, Barthélemy Mermet n’a jamais été qu’ « un poète, un rêveur, un être dépourvu du moindre sens pratique », qui n’aurait rien fait de bien à part « tardivement prier, passablement écrire, nager, chasser, rimer »…

Véronique Garcia, réalisatrice

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Crédits

Une production :
Les Films de la Découverte Big Company

En coproduction avec :
Ville de Lyon Archives Municipales de Lyon Capitale TV

Avec la participation de :
M-Média Télé Loire 7

Avec le soutien de :
CNC (Centre National du Cinéma et de l’image animée) Centenaire 14-18

En partenariat avec :
Sytral

Lyon, nouveau plan topographique de la ville de Lyon, v. 1918, cote 2S332
Tous les documents sont conservés aux Archives municipales de Lyon, sauf mention contraire
Les vidéos sont extraites du film documentaire « Les Carnets de Barthélémy Mermet » écrit et réalisé par Véronique Garcia
Développement par Olivier Charvoz

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